9 septembre 2022

L’EQUIPE QUI VA NOUS SAUVER DE LA FAIM

Crédits photos : Chris Yang–unsplash

En réalité, nous n’avons pas besoin des statistiques pour savoir que la faim et la pauvreté sont un sérieux problème dans la République Démocratique du Congo, et en Afrique plus généralement. Mais donnons quand-même les statistiques pour qu’on se prenne au sérieux : selon le rapport des perspectives de la population mondiale, paru en 2019, dans un peu plus d’une décennie, la planète comptera probablement environ 8,5 milliards d’habitants, et près de 10 milliards d’ici 2050, contre 7,7 milliards aujourd’hui. On prévoit que la moitié de la croissance de la population mondiale sera concentrée dans neuf pays : Inde, Nigéria, Pakistan, Congo (RDC), Éthiopie, Tanzanie, Indonésie, Égypte, États-Unis (par ordre décroissant d’augmentation attendue)1.

La RD Congo figure parmi les pays qui auront le plus des bouches à nourrir d’ici 2050. Alors qu’en 2018 dèjà le citoyen lambda survivait avec à peine moins de 2$ par jour2. Ce qui met en évidence le besoin pressant d’avoir des changemakers qui vont changer la donne et répondre à ce problème, non pas en 2050 ; mais déjà maintenant.

Creuser la terre pour la nourriture plutôt que les pierres

La déviation de la flèche de croissance économique a débuté dès que les usines belges au Congo de l’époque coloniale ont été mises à disposition des zaïrois sans expérience aucune dans l’administration, sauf l’appât du gain.

Beaucoup de facteurs sont alors entrés en jeu et qui ont influencé la priorisation de l’industrie minière au-dessus de l’industrie agroalimentaire, textile, etc. Une stratégie presqu’à coup de tête sans analyser la possibilité d’adapter le modèle de développement occidental, à la réalité du pays à cette époque.

Avec les perspectives de la population mondiale, il est clair que le besoin en nourriture va croître non seulement en RD Congo, ni en Afrique, mais dans les autres continents. Sans parler de l’impact du réchauffement climatique. La demande au niveau interne et aussi externe seront énormes. Ce besoin va, certes, impliquer les besoins d’autres biens et services complémentaires aux biens alimentaires, notamment du secteur de l’énergie, de l’infrastructure, etc. Mais, sérieux, j’aurai besoin des statistiques qui démontrent qu’en 2030, les résultats nets de l’exportation des minerais – sans oublier que nous n’exportons que la matière première brute – seraient de loin supérieurs aux résultats nets cumulés des commercialisations internes et exportations de nos productions agroalimentaires.

Et moi je fais quoi avec tout ça ?

Bon, tu vas me dire que tout ça c’est bien d’en parler, mais qu’est-ce qu’un simple citoyen en a à faire. Pour tous ceux qui se disent qu’ils veulent réussir, c’est qu’ils se croient capables de changer leurs vies. C’est quand-même la belle époque du développement personnel, et tout le monde est prêt à prendre sa vie en main.

Aujourd’hui, on cherche tous à savoir ce qu’il faut pour réussir. Mais, en réalité, si on est encore là aujourd’hui, c’est qu’on a réussi à se lever le matin, et qu’est-ce qui est plus important ? La question n’est donc pas de savoir comment réussir, mais de savoir si on veut être utile. Faire quelque chose. Petite ou grande. Mais faire quelque chose qui va donner aux autres l’opportunité d’avoir ce qu’ils ne pouvaient pas avoir d’eux-mêmes sans ton apport.

C’est facile à dire, mais concrètement alors … ?

Les équipes d’entreprises de jeunes qui se forment pendant ces temps-ci, doivent comprendre que leurs entreprises doivent servir à pousser de l’avant notre société ; et non de la retenir ou l’enfoncer encore plus. C’est-à-dire, qu’il n’est plus temps de se focaliser sur des commerces d’importation des articles de Dubai, de Nairobi ou de la Chine pour revendre en RD Congo. Mais c’est plutôt le temps de se rendre à Dubai, à Nairobi, ou en Chine pour identifier ce dont ils ont besoin en terme de nourriture premièrement, et que nous pouvons leur vendre, sans que l’on reste leurs simples fournisseurs des matières premières brutes. Mais, avant de nourrir les autres, il y a des gens qui ont besoin de bien manger chez nous.

Ce qui veut dire en quelques mots que lorsque tu vends tes iPhones, ou de l’eau, ou des habits, ou encore des services de designs en utilisant les logiciels des autres ; planifie comment tu vas investir les bénéfices de ce business dans un projet de transformation des légumes ou des tomates en purée, ou des plumes de poules en oreillers ou de production de farine de patate-douce ; destinés premièrement au marché local, et progresser jusqu’à être prêt en 2050 d’avoir une part du marché international.

Je vous dis, j’ai fait un rêve, comme Martin Luther King Jr., en 2050, il y aura embouteillage sur le marché international des produits agroalimentaires. C’est donc le moment !

Intéressant… et c’est quoi cette équipe dont tu parles ?

C’est le moment oui, mais ne soyez pas non plus pressé ! Quelqu’un qui vend des iPhones afin d’avoir un peu de sou pour pas dépendre toujours de l’argent des parents, et qui attend de finir sa licence pour débrouiller un boulot dans une ONG ou à la DIVIBUDGE (division du budget) ; celui-là ne peut pas faire seul ce voyage.

Une équipe objective pour chaque secteur commercial qui se réunit pour investir dans un secteur agroalimentaire chacune, ça c’est possible.

En termes d’exemples, imaginons le résultat des 10 maisons de vente d’appareils électroniques qui constituent une équipe d’investisseurs dans le maïs. 10 entrepreneurs de revente des articles fashion (Chemises, Boubou, souliers, etc.) qui constituent une équipe d’investisseurs dans le poulet. Ce serait quoi le résultat selon vous ?

En fait, c’est pas trop mal… j’ai déjà ma base sur Whatsapp

Mais, pour que ce soit vraiment possible, il faut faire gaffe de ne pas confondre une équipe d’investisseurs avec un groupe de OTTO ou de marketing relationnel ou encore des produits Forever qui se rencontre sur Whatsapp.

Nous parlons d’une équipe qui se construit d’une manière réfléchie, pas avec n’importe qui, avec un objectif et une vision solide, qui s’appuient sur les réalités économiques, techniques, sociales, ethniques et intellectuelles de la société et du marché où elle va faire évoluer tous ses projets.

Beaucoup de secteurs sont déjà pris par des équipes qui ont compris cette stratégie avant les autres, et avant même que je ne sois né. Le secteur minier n’appartient d’ailleurs presque plus aux congolais. Le secteur agricole a encore de la place. Mais nous ne sommes pas les seuls à le savoir. Nous sommes juste les plus proches de la terre et de la réalité. Cette fois-ci, c’est la seule chance qui nous reste, afin que les prochaines générations aient un piédestal plus solide où s’appuyer pour continuer ce que nous aurons commencé.

A très bientôt!

« Et même si la solution ne viendra pas uniquement des jeunes, je pense qu’ils peuvent jouer un rôle capital dans la guerre économique qui oppose nos produits venus d’Afrique à ceux venus d’Europe, d’Amérique et d’Asie ».

Loïc KAMWA
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Commentaires

Daniel Kitukutuku
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Les entreprises d'exploitation des minerais de la République ne font que croître en production de minerais, bien que ça ne profite vraiment pas aux congolais. Cependant le secteur agricole, il me semble, ne fait quasiment pas objet de nos discussions de notre quotidien, oubliant que la faim sera un très grand fléau que la RDC en particulier et le monde en général n'auraient jamais connu.
Nous mettons la génération future en danger !

Daniel Kitukutuku
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Les entreprises d'exploitation des minerais de la République ne font que croître en production de minerais, bien que ça ne profite vraiment pas aux congolais. Cependant le secteur agricole, il me semble, ne fait quasiment pas objet de nos discussions de notre quotidien, oubliant que la faim sera un très grand fléau que la RDC en particulier et le monde en général n'auraient jamais connu auparavant.
Nous mettons la génération future en danger !

Mike Dawson
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Merci beaucoup pour l'article, comme disent les anglais:《The time is now》. La moindre de choses ce que chacun fasse sa part. Le developpement est possible. Le changement est possible.