Entrepreneuriat social, outil pour les jeunes au Nord-Kivu ?

Article : Entrepreneuriat social, outil pour les jeunes au Nord-Kivu ?
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6 mars 2024

Entrepreneuriat social, outil pour les jeunes au Nord-Kivu ?

Face aux nombreux défis que traversent la République Démocratique du Congo, particulièrement le Nord-Kivu, l’on se demande chaque jour sur quelle jambe reposer notre espoir d’un changement durable. C’est en se posant la même question que j’ai décidé d’exploiter, et d’étudier avec vous, chers lecteurs ; une approche qui pourrait nous servir dans le changement social. C’est l’entrepreneuriat social.

L’une des questions principales que je me pose le plus, est de savoir comment les jeunes peuvent-ils être encouragés à s’engager pour le bien-être de la communauté, quand ils sont eux-mêmes victimes de la pauvreté, le chômage et autres. Certains parmi nous se sont donnés la peine de former des groupes, des associations, des entreprises pour engager nos efforts pour le bien de la communauté, mais les défis sont parfois lourds. Je pense que certains d’entre nous, avons déjà entendu parler de cette nouvelle notion d’ « entrepreneuriat social », mais je voudrais que nous l’abordions progressivement et voyions comment nous pouvons nous en servir dans notre combat pour le bien de la communauté.

Dans les prochains articles, nous allons explorer comment l’entrepreneur social peut concevoir le Leadership, l’Innovation, le Financement de ses activités, et les Stratégies d’affaires qui peuvent lui être utiles ; avec quelques cas à l’appui.

Un entrepreneur social, c’est quoi déjà ?

Selon Ronalpia, un entrepreneur social, c’est un·e citoyen·ne qui réalise que quelque chose ne tourne pas rond sur son territoire, ou dans un secteur d’activité. Cela peut être certains déchets qui ne sont pas traités, un village en perte de lien social, des personnes laissées pour compte…Face à ce constat, l’entrepreneur décide de proposer une solution nouvelle, et de consacrer sa vie professionnelle à la développer. Pour cela, il cherchera à se dégager un salaire, pas à s’enrichir.

Contrairement aux entreprises traditionnelles dont l’objectif principal est de réaliser des profits, les entrepreneurs sociaux cherchent à avoir un impact positif sur la société tout en assurant la viabilité financière de leurs initiatives.

C’est un peu comme allier l’utile à l’agréable, mais avec une touche de bienveillance en plus !

Un entrepreneur social ne se contente pas de donner un poisson, ou d’apprendre à pêcher, il ne sera satisfait que lorsqu’il aura révolutionné toute l’industrie de la pêche

Ashoka

Une entreprise sociale peut choisir un modèle d’affaire sans but lucratif, à but lucratif ou hybride. La différence majeure existante entre l’entreprise traditionnelle et sociale est que cette dernière priorise l’impact social par-dessus tout.

Tout naturellement, tout entrepreneur qui veut réussir se doit d’être conscient que sa réussite réside dans la maîtrise des principes fondamentaux de l’entreprise : marketing, conception de modèles commerciaux, finance, image de marque, etc. Si l’entrepreneur traditionnel doit maitriser cela, qu’en est-il de l’entrepreneur social, est-ce que lui il a d’autres compétences particulières ?

Le devoir moral

Comme nous allons le voir dans les prochains articles, les qualités d’un entrepreneur social résident aussi dans la maîtrise des principes fondamentaux de l’entreprise. Mais, ces compétences à elles seules ne donnent pas une image complète des compétences pointues dont nous avons besoin, pour naviguer dans le voyage d’un « changemaker« , qui doit placer le profit au second plan, pour prioriser l’impact.

C’est ce que j’appelle « le devoir moral ». C’est l’attitude dont on aura besoin lorsque nous nous retrouvons dans une situation où nous devons faire un choix entre abandonner la cause et la poursuivre. Entre faire comme tout le monde et rester intègre dans ses valeurs.

Le changement est un domaine qui nous concerne tous.

Jacqueline Novogratz, Fondatrice & Directrice Générale d’Acumen

Le devoir moral c’est ce qui nous aidera à définir ce que c’est que la réussite pour nous. Quand est-ce qu’on pourra conclure qu’on avance ? Serait-ce lorsqu’on aura réalisé un bon chiffre d’affaires, ou lorsqu’on aura reçu un financement important ; ou alors ce sera lorsqu’on aura engagé une personne de plus qui n’avait pas de boulot hier, ou quand un enfant qui ne pouvait pas lire hier à cause de la pauvreté sera capable d’écrire et publier un livre aujourd’hui grâce au financement que nous aurions eu ? En bref, le devoir moral nous conduira à acquérir une compétence que Jacqueline Novogratz appelle « Leadership Moral ».

Comment transformer le statu quo avec l’entrepreneuriat social ?

C’est une sorte de magie qui arrive lorsqu’un entrepreneur social trouve la solution qui procure de la valeur aux personnes qu’il cherche à servir, et que cette solution soit en même temps acceptée par ces personnes, et qu’elle pousse d’autres personnes à payer (dons ou investissements) pour que la solution soit développée. C’est ce que nous avons tous toujours rêvé !

Mais pour trouver cette recette magique d’innovation sociale, ce n’est pas chose aisée. Tout celui qui s’est lancé dans ce monde, parmi nous, peut le témoigner. Mais il y a un dicton dans le secteur de l’entrepreneuriat social qui dit : « Pour imaginer des solutions qui n’ont jamais été essayées avant, il faut tomber amoureux du problème qu’on veut résoudre plutôt que de l’idée que nous pensons être la bonne pour le résoudre ».

Comme le dit Jessica Hammer, le plus souvent lorsque notre idée échoue, c’est parce que nous commençons d’abord avec une idée, et nous réfléchissons ensuite sur la manière de l’adapter sur une certaine population. Si nous prenions le temps de comprendre le problème et son contexte, nous pouvions éviter de tomber dans le piège de créer des solutions qui ne sont pas utiles, ou pire, qui causent plus de mal que de bien.

Puis-je y aller seul ?

Un entrepreneur social peut démarrer seul dans sa course, mais il lui faudra trouver des collaborateurs pour aller plus loin dans son voyage d’impact social. C’est une aventure collective. Où il faut s’immerger dans un échange participatif avec toutes les parties prenantes de notre initiative. Il faut nouer des partenariats avec les bénéficiaires, les clients, les bailleurs de fonds ou investisseurs, les salariés, etc.

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